Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Voilà, c'est parti.
15 février 2008

Il y a plus d'un an maintenant... Récit d'un accouchement.

Ca y est, j'ai accouché :)

Acte 1 :
le 06 février Jean-Marc et moi avons dû prendre le train pour Lille pour l'enterrement de mon grand-père.
Mon père est venu nous chercher Jean-Marc, ma sœur et moi pour le trajet gare-cimetière.
L'après-midi s'est passé assez rapidement, à 15h00 la famille était réunie au cimetière et là seulement le temps m'a paru long. Mon cousin puis mon père ont lu un texte avant la mise en terre, nous écoutions tous, sous la neige qui est tombée uniquement ce jour là cet hiver. Je me sentais lourde, debout immobile avec mon énorme ventre et mon manteau bleu que je ne pouvais même plus fermer...
Quand mon père nous a ramenés à la gare, la voiture est passée sur un ralentisseur... Sans ralentir. Jean-Marc m'a regardé, il se doutait que ça ne me ferait pas du bien, et c'est vrai j'ai grimacé ; j'ai eu l'impression que mon ventre s'était tassé d'un coup sur lui-même.

Dans le TGV, en route vers Paris, je ne me sens pas à l'aise, je suis un peu tendue.

Nous arrivons enfin et en remontant l'avenue je dis à Jean-Marc que je crois avoir des contractions. Je n'en ai jamais eu pendant ma grossesse, je ne suis pas sûre, je n'ai pas vraiment mal, je sens juste comme une tension. Il me répond que non, ce n'en sont surement pas, j'aurais "des vraies contractions" je serais "pliée en deux".
Je ne suis pas convaincue mais je ne dis rien, il a déjà deux enfants, il connait en théorie mieux les accouchements que moi dont c'est le premier.

Acte 2 :
Après une nuit calme, avec autant de réveils nocturnes que ces derniers mois, nous nous levons vers 09h00 / 09h30.
Je ne sens plus vraiment de tensions dans mon ventre, j'ai juste une tension nerveuse.
Sur les bons conseils de mon homme je téléphone à la maternité vers 10h00: "bonjour, je suis à huit mois et demi de grossesse et je perds du sang, mais presque rien hein, il faut que je vienne vous pensez?"
-"Huit mois et demi? Ah oui venez."

Nous y sommes allés vers midi, après un tardif petit-déjeuner et une douche.Nous nous sommes posés dans la salle d'attente ; des fauteuils dans le hall.

La sage-femme qui devait me recevoir était en pleine consultation. Derrière la porte fermée de son bureau on entend des râles, des cris. Elle sort de la pièce et part en courant.
Sur mon siège, je commence à sentir des contractions, plus de doute possible. Même si elles ne sont pas douloureuses, elles sont gênantes. Je me dis qu'il faut que la sage-femme me voit, que ce n'est pas le moment pour qu'une autre accouche dans ce bureau. Ça me stresse peut-être un peu...
La sage-femme revient toujours en courant, avec deux infirmières.
Peu après elles sortent de la pièce avec une dame sur un fauteuil roulant. La dame avait juste fait un malaise à cause de sa veine cave, et vu qu'elle était très forte, la sage-femme avait dû demander de l'aide pour la mettre dans le fauteuil.

Elle me reçoit enfin, constate que j'ai des contractions.
Fait un prélèvement pour vérifier si je perds du liquide amniotique.
A 13h20, on me met sous monitoring : contractions toutes les trois minutes mais pas très fortes. On me dit aussi que la poche des eaux est effectivement fissurée, ce sont bien des pertes de liquide amniotique.
A 14h00 enfin on arrête le monitoring, et la sage-femme me dit que le travail a commencé. C'est aujourd'hui que j'accouche.
"Soit vous êtes admise tout de suite, soit vous rentrez chez vous pour prendre vos affaires et vous revenez ensuite... De toutes façons pour l'admission, vous avez le temps vu que c'est le premier... En plus, on a pas de chambre de libre."

La maternité est à trois stations de bus de chez nous alors nous décidons de repartir à la maison, d'après la sage-femme il n'y a pas d'urgence. Le chauffeur de bus conduit très lentement. Il demande "c'est pour quand?" et nous lui répondant que c'est pour aujourd'hui, que c'est en ce moment même.

J'ai mangé un petit sandwich chez moi, à quatre pattes. Les contractions deviennent douloureuses, ça évolue vite à mon goût.
Départ pour la maternité à nouveau, mais là je veux y aller à pied. Je gère bien mieux la douleur en marchant.
Arrivée à 16h00 à la maternité.

Acte 3 :
Mise sous monitoring à nouveau, je ne veux toujours pas m'allonger, je reste debout et tourne en rond parce que les câbles sont courts.
Les contractions arrivent toutes les trois minutes mais deviennent plus intenses. Leur fréquence augmente. Toutes les minutes. Ça fait mal.

Jean-Marc regarde le monitoring et me dit à chaque début de contraction, en regardant le tracé :" il y en a une qui arrive là, oh, c'est une grosse" etc. Je lui dis d'arrêter, ses remarques sont agaçantes.

On appelle les sages-femmes, une élève me dit : "c'est un premier, c'est pas pour maintenant".
Une autre arrive et Jean-Marc lui explique que dans la famille ça va toujours vite.

On m'examine, je suis dilatée à 3-4. Ça fait mal, vraiment. Je m'accroche au bord du lit, je penche en avant pour souffler, expirer lentement en attendant que la contraction passe.
J'essaie de compter pour avoir trois respirations pendant une contraction comme appris en préparation à l'accouchement.

 
On m'amène un ballon, je me pose dessus et là, deux contractions me transperce de douleur.

Je commence à sentir mon bébé, j'ai l'impression de m'asseoir sur sa tête!

Cette position me fait très mal dans les reins, je ne peux pas rester comme ça mais j'ai l'impression que je ne pourrais jamais me relever.
J'y arrive pourtant, entre deux contractions.

Il est 17h10, Jean-Marc et moi avons bien mis dix minutes pour convaincre que ce serait rapide, mon homme a même dû aller rechercher la sage-femme en la tirant par la manche de sa blouse.

Elle me dit " dites-nous quand vous commencerez à avoir envie de pousser", me pose des questions pendant mes contractions, je la maudis intérieurement de me déranger et je commence à hurler "mais je pousse, évidemment, j'vous dit que mon bébé sort!

On me demande si je peux monter à l'étage à pied, Jean-Marc trouve un fauteuil roulant sur lequel je me pose tant bien que mal, assise sur une fesse, pour ne pas écraser la tête de mon bébé et on me monte en salle de travail.

Je suis dilatée à 9, ma fille est bientôt là.
 
Je hurle, je beugle, pas des cris de douleurs ; de cris de guerre.

On m'a perfusé sans que je le sente, l'infirmière qui s'excusait à l'avance "ça va faire un peu mal" a vu mon sourire crispé. Elle avait oublié que je n'avais pas de péridurale? Rien ne pouvait me faire mal, j'étais déjà dans ma bulle.

Pas de souffrance mais une première contraction sur le dos alors que je venais de m'allonger me coupe le souffle, cette contraction était dans les reins. Ca n'est pas possible, c'est trop douloureux sur le dos. Je veux me mettre sur le côté. Jean-Marc dit aux sages-femmes que depuis ma grossesse je ne suis pas bien sur le dos à cause du syndrome de la veine cave.

Je me mets sur le côté, mon homme me tient le pied. Si je veux vraiment être sur le côté, Jean-Marc doit se débrouiller pour me tenir.

Il ne sourcille pas quand je le mords.

Je me suis "laissée pousser" une première fois : je sens la tête de bébé qui descend, la contraction repart, la tête remonte.

Je me dis que si elle remonte à chaque fois elle ne sortira jamais. La contraction suivante ne va pas tarder, pas le temps de me poser plus de questions.
Une deuxième fois : la tête passe, ça brûle. C'est ça qu'on appelle le cercle de feu et cela porte bien son nom. J'essaie de ne plus pousser, la brûlure me fait penser que tout va se déchirer. Je ne veux pas être déchirée, mon bébé ne passera pas. J'arrête tout, tant pis je n'accoucherai pas, ma fille n'a qu'à rester à l'intérieur, je ne sais pas, on se débrouillera autrement.

 
La contraction suivante arrive et là je me dis que bon, puisqu'il le faut, mon bébé passera par là, quitte à tout déchirer, que ce soit la dernière contraction. Je pousse de toutes mes forces et Rose sort enfin.

Son père l'attrape, jongle avec ma jambe et son cordon pour venir la poser sur moi.
J'ouvre les yeux que j'ai gardé fermés pendant presque toute l'expulsion et la première chose que je vois c'est mon homme, heureux, souriant et en larmes qui me présente notre fille. 
Je les aime, je suis bien, ma fille est belle, Jean-Marc est l'homme de ma vie, et je n'ai plus mal.

Notre bébé est né à 17h35, dans sa poche des eaux intacte, que la sage-femme a ouverte une fois notre fille sortie.
Elle n'a pas pleuré, elle était sereine. Elle a fait "Ak" quand son père l'a posée sur moi.
C'est lui qui a coupé le cordon, et on nous a laissés seuls. En famille.

Épilogue :

Une heure après être entrée en salle de travail, on me mettait mon bébé au sein.

Rose faisait 51 cm et 3kg270.

Publicité
Commentaires
S
P'sahtik en retard!<br /> Peace. SPirit, ce con.
S
Y a qu'un truc à dire : Félicitatiiiiiiiiiiiiiiiiiions :)
B
et bien bientôt un an que je ne t'avais pas lu (j'avais loupé le dernier post avec les magnifiques photos de ton petit bout...)<br /> et j'en ai des frissons... alors que la maternité (et l'accouchement encore moins) ne me tente pas du tout pour le moment...<br /> c'est beau le bonheur...<br /> et les deux petits suisses ils sont aussi babas devant leur soeur?
Publicité