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Voilà, c'est parti.
5 octobre 2005

Le livre de la semaine dernière

C'était Le Grand Elysium Hotel écrit dans les années 90 par Timothy Findley. Un livre qui laisse une trace, pas le gros sillon qui reste à vie qui vous marque pour toujours ; juste un voile, comme une pluie fine de petites questions sans les réponses. Une petite frustration de ne pas tout savoir des personnages, mais la certitude que c'était une volonté de l'auteur et pas une maladresse. Alors forcement, ça titille.

Je n'avais pas le courage de taper le petit résumé en quatrième de couverture alors j'en ai cherché un à copier-coller ici. J'ai trouvé ça :

Mars 1945… dans un palace perdu au cœur des Alpes autrichiennes. Un écrivain américain, grand admirateur d'Ezra Pound, dont il partage la fascination pour le fascisme, entreprend de tapisser les plafonds et les murs de la "prodigieuse" histoire de son existence.

Sauf que c'est pas du tout ça.

--  La première phrase situe bien l'action, mais vu que le livre porte le nom du lieu il aurait fallu être très mauvais pour se planter.

--  L'ecrivain américain, c'est HS Mauberley. Ayant réellement existé, il aurait pu être cité

--  Grand admirateur d'Ezra Pound, ça n'est pas très développé dans le livre, et il n'est pas fasciné par le fascisme. C'est le point central d'ailleurs du malaise. Il est fasciste, mais on ne sait pas ce qu'il pense du fascisme. Ses convictions politiques sont un fait, mais les raisons de ce choix ne sont même pas évoquées. Il a d'ailleurs au fil des pages l'air d'être un 'paumé', une sorte de pantin sans volonté, la peur au ventre, et dépassé par les gens qui l'entourent. C'est d'autant plus déprimant qu'il est censé être un intellectuel... Bin oui, si les intellectuels ne réflechissent plus, sur qui peut-on compter?

ezrapoundprison  pound

Ezra POUND 1885-1972

--  Il écrit bien une histoire sur les murs de sa chambre d'hôtel, mais ce n'est pas la sienne -il en est juste le témoin- et elle est loin d'être prodigieuse. A mon avis la personne qui a écrit ce résumé s'est probablement dit que Mauberley était célèbre, qu'il a rencontré des gens célèbres, alors forcement sa vie a dû être prodigieuse. Et non encore, il a mené une vie pas banale, mais toute petite.

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--  Les protagonistes principaux de ce livre sont des personnes 'vraies' : Edouard VIII et Wallis Simpson, la divorcée pour qui il abandonna le trône d'Angleterre. Loin des clichés du couple qui renonce à la gloire et au pouvoir par amour, on découvre ou re-découvre ce dont l'Histoire fait mine de ne pas se souvenir : le fait qu'ils étaient fascistes. Et que le roi ayant abdiqué est devenu passablement fou. Quelques complots bien tordus, des méchants bien tordus aussi, et aucun gentil -des faibles dans le meilleur des cas- et on est pas loin du petit frisson de dégoût.

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--  Il est intéressant aussi de se pencher su l'histoire secondaire du livre, la découverte du corps de Mauberley -oui, il est mort- et la lecture de sa 'dernière oeuvre'. Le cadavre de l'ecrivain est découvert par des soldats américains qui reviennent d'avoir libéré les camps de la mort. L'auteur met alors face à face deux sensibilités : Freyberg qui est hanté par les souvenirs de Dachau et serait prêt à tuer une seconde fois Mauberley si c'était possible, et de manière générale se venger personnellement de chaque facho ou nazillon, et Quinn qui a lu les livres de Mauberley et ne se résout pas à le haïr parce qu'il aimait sa poésie. Freyberg accuse Quinn de s'engager sur la pente glissante du pardon des 'moins coupables' qui aménera au pardon de tous et fatalement, un jour, à l'oubli. Quinn accuse Freyberg de se voiler la face, qu'une idéologie monstrueuse est forcement condamnable mais que les gens qui la servent ne sont pas forcement inhumains, ils peuvent même parfois être victimes eux-même.

Ma foi, c'était pas mal du tout ce bouquin.

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